
Le gouvernement Carney n'a pas encore pris ses engagements budgétaires pour le financement du logement mais il a mis en consultation sa vision pour Maisons Canada. Est-ce que Maisons Canada va permettre de faire une différence dans la crise du logement en construisant une nouvelle génération de HLM ? Pas dans la mouture actuelle ! La FLHLMQ a donc contribué à la consultation en déposant ses recommandations (voir document complet à la fin de l'article).
Rappelons que le contexte actuel s’apparente au contexte qui a donné naissance au parc HLM au Québec et qui constitue désormais un patrimoine collectif évalué à plus de 15 milliards $. À la sortie de la guerre, le fédéral avait choisi de faire face à la crise en créant un programme structurel de construction de logements publics. Ensuite, l’abandon du programme HLM par le fédéral a eu de nombreuses conséquences et explique en partie la crise actuelle. Lorsque le gouvernement conservateur de Bryan Mulroney a annoncé, en février 1992, la fin de la construction de nouveaux HLM au Canada, nous ne soupçonnions pas toutes les conséquences à long terme de cette décision. Trente ans plus tard, nous évaluons que si la construction avait continué au même rythme, nous aurions 80 000 HLM de plus au Québec. Les 30 000 ménages actuellement inscrits sur les listes d’attente au Québec auraient un HLM et les 49 895 personnes qui consacrent plus de 80% de leur revenu au paiement du loyer auraient la perspective d’avoir un HLM
Si les objectifs de Maisons Canada sont de construire des logements abordables à grande échelle, il est nécessaire de cibler les bons développeurs pour répondre aux bons besoins. Les seuls logements réellement abordables sont ceux dont le loyer est calculé selon la capacité de payer des locataires. C'est aussi dans les logements publics (en dehors du marché privé) que la stabilité résidentielle prime sur la rentabilité. Rappelons que, en particulier depuis les regroupements, les offices d'habitation ont l'expertise de développer des projets d'envergure. Ils sont aussi encadrés par des politiques et règlements qui garantissent l'attribution sans discrimination, le respect des droits des locataires et leur participation à la gestion.
Ainsi, pour que Maisons Canada atteigne son objectif de construire des logements abordables à grande échelle, le gouvernement fédéral doit :
• Préciser ses objectifs en définissant l’abordabilité (immédiate et pérenne) en fonction de la capacité de payer des locataires (25%);
• Réserver l’entièreté du volet locatif au secteur public et sans but lucratif pour s’assurer que les immeubles construits seront de propriété sociale;
• Plutôt que de multiplier les produits financiers, miser sur les contributions et s’assurer que le niveau de subventions permet l’abordabilité dès le jour 1 et pour toujours;
• Exiger la participation des locataires et des communautés au développement et à la gestion des projets.
Avec ces améliorations, les fonds qui aboutiront au Québec pourront faire une différence dans la crise du logement et de l’itinérance.